S·edition est un infokiosque proposant des brochures au format A6. Les textes édités existent parfois au format A5 plus classique, et dans ce cas, ils sont souvent accessibles sur le site Infokiosque.net.
Les textes proposées ici n’appartienent pas à un “courant” de pensée ou une idéologie en particulier; mais ont ceci de commun qu’ils interrogent et dénoncent différents systèmes d’oppressions (économique, étatique, patriarcal, raciste, colonial…), ou proposent des pistes de réflexions pour y résister.
Muriel Salmona
L'impact psychotromatique des victimes de viols et de violences sexuelles
« Connaître l’impact psychotraumatique dévastateur des violences sexuelles sur les victimes, sur leur santé qu’elle soit mentale ou physique, sur leur souffrance, leurs comportements, sur leur vie qu’elle soit affective, sexuelle, sociale, intellectuelle ou professionnelle, est essentiel. En comprendre les mécanismes, en reconnaître les symptômes, savoir identifier ce qu’elles vivent, les dangers qu’elles courent, les soins qui leur sont nécessaire, est impératif si l’on veut que leurs droits soient enfin respectés : droit à la protection et à la sécurité, droit à la santé et à des soins de qualité, droit à une prise en charge sociale, droit à la justice et à des réparations » Muriel Salmona est psychiatre, psychotraumatologue et présidente de l’association Mémoire Traumatique et Victimologie
Temps de lecture : ~ 40 minutes
Françoise Vergès
la ligne de couleur
« Le discours sur le « racisme antiBlancs » émerge donc dans un contexte de nécessaire mais difficile révision du récit de la conquête coloniale, de décolonisation de la société française, mais aussi de fragilisation des classes laborieuses, de paupérisation généralisée, où la vieille et solide formule « diviser pour régner » fait de nouveau entendre sa voix. La société française fut, tout au long de son histoire moderne, pénétrée par un discours racialisé. Blanche, elle l’est devenue par paliers, par glissements, et blanches sont devenues la liberté, l’égalité et la fraternité. » Françoise Vergès est Consulting Professor au Goldsmiths College de Londres, chercheur associé au Collège d’études mondiales, et écrivain. Elle est l’auteur de nombreux ouvrages, dont La Mémoire enchaînée. Questions sur l’esclavage (Albin Michel, 2006), ou L’Homme prédateur. Ce que nous enseigne l’esclavage sur notre temps (Albin Michel, 2011).
Temps de lecture : ~ 23 minutes
Sadri Khiari
La construction de l’unité stratégique du Pouvoir blanc
« La République est une religion islamophobe. L’islamophobie ne combat pas le musulman en tant que musulman mais le musulman en tant que rebelle potentiel à l’ordre blanc – et c’est pourquoi tout musulman est un intégriste ou un terroriste en puissance. Elle ne se développe pas principalement dans le champ de l’intolérance religieuse mais dans celui de la lutte raciale. Elle ne constitue donc qu’un volet de cette contre-offensive coloniale qui est menée contre l’ensemble des indigènes et, plus particulièrement, contre l’espace privilégié de leurs résistances, les cités populaires où se nouent les différentes facettes de la politique sécuritaire. » Sadri Khiari est un militant et écrivain tunisien. Membre de l’opposition tunisienne depuis la fin des années 1970, lorsqu’il rejoint la section tunisienne de la Quatrième Internationale qu’il dirige jusqu’à sa disparition au milieu des années 1990, il est notamment un membre fondateur du Conseil national pour les libertés en Tunisie, dont il est responsable des relations extérieures, et de RAID Attac Tunisie. Installé en France depuis janvier 2003, il est l’un des membres fondateurs du mouvement des Indigènes de la République (MIR) qui, depuis février 2010, s’est transformé en parti, le Parti des Indigènes de la République.
Temps de lecture : ~ 45 minutes
Fancis Dupuis
Petit guide de disempowerment pour les hommes proféministes
« Quelle place peuvent jouer les hommes dans ce processus d’empowerment des femmes ? […] conscient que ma posture n’est pas universelle, je vais proposer ici l’ébauche d’un guide pour proféministes, en m’inspirant des très nombreuses discussions que j’ai eues avec des féministes, de mes lectures de textes militants sur la question, et de mon expérience d’homme ayant des pratiques hétérosexuelles, économiquement privilégié, vivant en Amérique du Nord et descendant des populations colonisatrices européennes ». Francis Dupuis-Déri milite et a milité dans des collectifs s’opposant à la guerre, à la violence policière et au capitalisme (entre autres causes). Il a signé plusieurs ouvrages sur la démocratie, les mouvements sociaux, l’anarchisme, le féminisme et le masculinisme. Il enseigne également en science politique et en études féministes à l’UQAM.
Temps de lecture : ~ 22 minutes
Notre corps nous même
s'émanciper des normes
« Contrairement à ce qui nous est demandé, notre corps ne peut pas être constamment en forme, beau, maigre, épilé, désirant, sans carence ni hématome. Il a des coups de pompe, des baisses et des montées d’hormones, des addictions. Il est parfois blessé. Notre corps doit pouvoir reprendre son souffle. Il nous appartient, il est notre meilleur instrument : nous le voulons en bonne santé, capable de se défendre, et libre. » Le collectif Notre corps, nous-mêmes s’est formé en 2016 dans le but de réactualiser le livre du même nom paru en 1977. Notre corps, nous-mêmes est un manuel de santé féministe, forgé à partir de nos expériences et des paroles de plus de 400 femmes cisgenres, et de quelques personnes trans et nonbinaires, qui ont accepté de nous confier leurs vécus, leurs analyses, leurs ressources ou stratégies pour se défendre, s’émanciper et se réapproprier leur corps.
Temps de lecture : ~ 27 minutes
Françoise Vergès
définir un camp : un féminisme décolonial
« [Ce texte] se situe dans la continuité des ouvrages critiques des féministes du Sud global et de leurs alliées au Nord sur le genre, le féminisme, les luttes de femmes et la critique d’un féminisme que j’appelle civilisationnel parce qu’il a entrepris la mission d’imposer au nom d’une idéologie des droits des femmes une pensée unique qui contribue à la perpétuation d’une domination de classe, de genre et de race. J’y défends un féminisme décolonial ayant pour objectif la destruction du racisme, du capitalisme et de l’impérialisme » Françoise Vergès est politologue et militante feministe « décoloniale ». Elle est membre du département politique au Center for Cultural Studies du Goldsmiths College de l'université de Londres de 2014 à 2018.
Temps de lecture : ~ 70 minutes
Stephane Francois
Grand remplacement le nouveau masque du racisme
« Grand remplacement », le nouveau masque du racisme – Stéphane François Le « grand remplacement », une thèse née dans les années 1950 L’ethnodifférentialisme, un néoracisme Le métissage comparé à un ethnocide Un tiers-mondisme d’extrême droite L’altérophobie de Zemmour Alain de Benoist, du néofascisme à l’extrême droite « respectable » - Razmig Keucheyan La voie culturelle À Nouvelle Gauche, Nouvelle Droite Gramscisme de droite Néolibéralisme et « sciences de la vie» Le « bolchevisme de l’Antiquité » Écologie intégrale Le peuple et le « politiquement correct » La bataille des idées
Temps de lecture : ~ 0 minutes
Francis Dupuis-Déri
Black Blocs Bas les masques
« Le 30 novembre 1999, lors de la « Bataille de Seattle », les « Black Blocs » font une entrée fracassante dans le mouvement « antimondialisation » en lançant des frappes contre des succursales de banques et des magasins Gap, Levi’s, McDonald’s. Ce recours à la force si spectaculaire a permis au mouvement d’obtenir une très grande visibilité médiatique. Pourtant, nombre de manifestants pacifistes et de porte-parole des groupes réformistes accusent les Black Blocs et leurs alliés de nuire à l’image publique du mouvement « antimondialisation ». Cette critique se double très souvent d’une analyse saturée de clichés : le phénomène Black Bloc serait l’expression d’un « anarchisme » réduit à une pulsion irrationnelle qui pousse des « jeunes casseurs » à la violence et au chaos. Justifiée à première vue pour ceux et celles que la violence met mal-à-l’aise, cette charge critique contre les Black Blocs brouille la pensée et a elle-même des répercussions politiques négatives pour l’ensemble du mouvement. Ce texte a pour objet d’analyser cette politique de la critique après avoir déboulonné quelques mensonges qui circulent au sujet des Black Blocs. » Francis Dupuis-Déri milite et a milité dans des collectifs s’opposant à la guerre, à la violence policière et au capitalisme (entre autres causes). Il a signé plusieurs ouvrages sur la démocratie, les mouvements sociaux, l’anarchisme, le féminisme et le masculinisme. Il enseigne également en science politique et en études féministes à l’UQAM.
Temps de lecture : ~ 20 minutes
Francis Dupuis-Déri
L'esprit antidémocratique des fondateurs de la «démocratie» moderne
« Se réclamant de la « démocratie » – sans toutefois donner plus de pouvoir au démos –, les représentants de nos systèmes politiques n’ont pas seulement piégé le peuple qu’ils prétendaient servir, c’est la langue elle-même qu’ils ont trahie : comment désormais mettre à jour l’anti-démocratisme des discours, des pratiques, des systèmes et des hommes politiques rangés sous l’étiquette de « démocrates » ? Le glissement de sens qu’a connu le mot « démocratie » constitue sans doute le principal coup de maître de la propagande politique moderne. » Francis Dupuis-Déri milite et a milité dans des collectifs s’opposant à la guerre, à la violence policière et au capitalisme (entre autres causes). Il a signé plusieurs ouvrages sur la démocratie, les mouvements sociaux, l’anarchisme, le féminisme et le masculinisme. Il enseigne également en science politique et en études féministes à l’UQAM.
Temps de lecture : ~ 30 minutes
Toxicophobie mon amour
« Un des principaux effets de la toxicophobie est de faire éprouver aux toxicomanes une honte incroyablement tenace. Honte d’être ce qu’iel est. Tellement tenace que même au pied du mur, ce·tte dernier·e peut toujours nier sa consommation plutôt que d’avouer quelque chose d’aussi honteux aux yeux de la société. Pas facile dans ces conditions de mettre en place un parcours de soin efficace ou même de l’information sur la réduction des risques. Ça a au moins une conséquence et s’il n’y en a qu’une seule que vous devez retenir, c’est celle-ci : la toxicophobie tue. »
Temps de lecture : ~ 15 minutes
Dorothy Allison
une question de classe
« J’ai grandi dans la pauvreté, la haine, victime de violence physiques, psychologiques et sexuelles, et je sais que souffrir ne rend pas noble. Ça détruit. Pour résister à la destruction, à la haine de soi ou au désespoir à vie, nous devons nous débarrasser de la condition de méprisé·e, de la peur de devenir le eux dont ils parlent avec tant de mépris. Nous devons refuser les mythes mensongers et les morales faciles. Nous devons nous voir nousmêmes comme des êtres humains, avec des défauts, et extraordinaires. Nous tou·tes – extraordinaires. » Dorothy Allison est écrivaine, militante féministe lesbienne. Elle est notamment l’autrice de « L’histoire de Bone » (Éditions 10/18, Paris, 1999) et « Retour à Cayro » (Éditions Belfond, Paris, 1999)
Temps de lecture : ~ 54 minutes
Olivier Le Cour Grandmaison
Coloniser exterminer
« Pendant que l’on débat longuement en France sur la nature des peines et les moyens de les rendre moins affligeantes pour les corps, les « indigènes » continuent d’être suppliciés en public, qu’ils soient vivants ou morts, civils ou combattants. Des années 1840 à l’indépendance, en 1962, le corps physique de l’« Arabe » a donc été utilisé comme un instrument de terreur sur lequel le pouvoir colonial n’a cessé d’inscrire les marques de sa toute-puissance. La torture en Algérie et dans l’empire français : une exception limitée aux guerres de libération nationale conduites contre la métropole ? Non, la règle. » Olivier Le Cour Grandmaison est un politologue français né le 19 septembre 1960 à Paris. Spécialisé dans les questions de citoyenneté sous la Révolution française et dans les questions qui ont trait à l'histoire coloniale, il est maître de conférences en science politique à l'université d'Evry-Val d'Essonne et enseigne au Collège international de philosophie.
Temps de lecture : ~ 54 minutes
CLHEE
Manifeste
Que voulons-nous ? 1. La lutte pour la désinstitutionnalisation 2. La défense de la vie autonome 3. La lutte contre le validisme, les discriminations et l’handiphobie 4. La promotion de représentations justes de nous-mêmes 5. La défense d’une sexualité libre et non marchande, incompatible avec l’instauration d’une assistance sexuelle 6. L’inscription de notre combat dans l’ensemble des luttes d’émancipation 7. L’inscription de notre combat dans une logique intersectionnelle 8. La dénonciation du rôle des associations gestionnaires 9. Le caractère politique de notre lutte
Temps de lecture : ~ 18 minutes
Gregoire Chamayou
Dans la tete de la NSA
En exposant les secrets de la NSA, Edward Snowden a révélé les méthodes du renseignement américain. Il restait cependant à en montrer les motivations réelles et l’idéologie sous-jacente. Bienvenue dans un monde où nous sommes tous devenus des sous-marins soviétiques, mais où le fantasme d’une NSA capable de tout collecter et surtout de tout analyser est tout simplement faux.
Temps de lecture : ~ 42 minutes
Adrienne Rich
les arts du possible
« Là où la démocratie devient « la libre entreprise », les droits des individus l’intérêt propre du capital, il n’y a pas à s’étonner que l’ensemble des régulations sociales requises pour rendre possible l’égalité démocratique soit renvoyé comme un gigantesque bric-à-brac désuet, connu comme « le trop d’État ». Dans le vocabulaire volé aux politiques de libération, aucun mot n’a été aussi prostitué que celui de liberté. » Adrienne Rich, (1929-2012) est une poétesse, essayiste, professeure d'université et théoricienne féministe américaine. À partir des années 1970, une part importante de son œuvre est consacrée à son lesbianisme et à son engagement contre l'hégémonie de l'hétérosexualité comme seule norme sociale de la sexualité.
Temps de lecture : ~ 38 minutes
Gunther Anders
De l'entreprise capitaliste a l'entreprise nazie
Ce texte est un extrait du livre L’Obsolescence de l’homme. Sur l’âme à l’époque de la deuxième révolution industrielle, initialement paru en 1956 (traduction française publiée en 2002 par les éditions de l’Encyclopédie des Nuisances/Ivrea). Gunther Anders y expose en quoi les abominables crimes des nazis ont été rendus possibles et même favorisés par le fonctionnement général du capitalisme (qui, de la même manière, pour la même raison, génère en permanence toutes sortes de désastres sociaux et écologiques). Günther Anders (1902 – 1992) est un penseur, journaliste et essayiste allemand puis autrichien Ancien élève de Husserl et Heidegger et premier époux de Hannah Arendt, il est connu pour être un critique de la technologie important et un auteur pionnier du mouvement antinucléaire. Le principal sujet de ses écrits est la destruction de l’humanité.
Temps de lecture : ~ 11 minutes
Ballast
comprendre la violence judiciare
À l’occasion d’une présentation du dernier film de David Dufresne, Un pays qui se tient sage, Lucie Simon, avocate, invoqua la notion de « violence judiciaire ». Loin des coups et des cris des violences policières, elle frappe à l’abri des regards, derrière les portes feutrées des tribunaux. Une violence que l’on ne dit sans doute pas assez. Pour ce quatrième et dernier volet de notre dossier consacré à la lutte de la famille Pontonnier, c’est l’institution judiciaire en tant que telle qui retient ici notre attention. Coûts de la défense, impunité policière structurelle, mise en accusation de la parole des victimes : nous en discutons avec les avocates Lucie Simon, Camille Vannier et Aïnoha Pascual. Les deux premières sont pénalistes et spécialisées dans le droit des étrangers ; la troisième a défendu de nombreux cas de violences policières lors de l’expulsion de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes et partage la charge du dossier des Pontonnier.
Temps de lecture : ~ 16 minutes
Maré Almani
Qu’est-ce que le terrorisme
« “Le terrorisme, c’est la violence de ceux qui combattent l’État” diront certains ; “le terrorisme c’est la violence de l’Etat” répondront d’autres ; “mais non, le terrorisme est tout acte de violence politique, d’où qu’elle vienne”, préciseront les derniers. La multiplicité de sens assignés à ce terme est suspecte. La sensation ici n’est pas de se trouver en présence des malentendus habituels liés à l’incapacité des mots à exprimer une réalité dont la complexité dépasse les symboles qui voudraient la représenter. Au contraire, l’impression est celle de se retrouver face à un confusionnisme intéressé, à une relativisation d’interprétations créée artificiellement, dans l’intention de vider les idées de leur sens, de neutraliser la force pratique, de banaliser toute la question en réduisant à du bavardage toute réflexion qu’on pourrait mener à son propos. »
Temps de lecture : ~ 15 minutes
Cases Rebelles
Notre amour
« Notre amour est la fondation des reconstructions de nous-mêmes. En grandissant dans ce pays nous avons été happé⋅es dans une guerre de basse intensité incessante à l’école, la télé, dans les livres, les jeux, les films, la langue, la publicité, etc. Une guerre contre nous, nos lèvres, nos nez, nos fesses, nos peaux, nos âmes. À coup de dégradation, d’hypersexualisation, de spectacularisation. Cette guerre a scarifié nos miroirs aux âges où l’on tentait de se construire. Elle nous a cueilli⋅es au berceau à coup de remarques stupides, dans la classe, la cour de récréation et elle nous a poursuivi⋅es jusqu’à ce qu’elle devienne une partie de nousmêmes. » Cases Rebelles (cases-rebelles.org) est un collectif noir anti-autoritaire composé actuellement exclusivement de femmes queers et trans, qui vise à lutter contre toutes les formes de domination dans une perspective afrocentrée.
Temps de lecture : ~ 13 minutes
Michaela Danje
Nous n'avons toujours pas besoin de heros
« Le concept de héros est une arnaque. Nous n’avons pas besoin de leader⋅euses, de héros ou d’héroïnes. Nous avons besoin de vivre dans un monde où plus de personnes puissent agir, prendre leurs responsabilités, visà-vis de l’état du monde, de l’état de leur lieu de vie, vis-à-vis des êtres humains qu’iels souhaitent être, pour participer à révolutionner leurs existences. » Michaëla Danjé est une activiste transgenre noire, co-fondatrice du collectif Cases-Rebelles. Elle a notamment dirigé la publiaction du livre AfroTrans (2021).
Temps de lecture : ~ 18 minutes
Quadrupanni et Floch
Pourquoi les flics sont-ils tous des bâtards
« Le policier n’est ni un guerrier ni un mafieux : le bénéfice de la violence qu’il prodigue au jour le jour ne lui revient jamais, elle est gratuite. S’il harcèle, racket ou brutalise, ce n’est jamais pour son propre intérêt, c’est parce qu’on lui commande de le faire. Les méfaits dont il doit s’acquitter quotidiennement ne répondent pas à son éthique propre mais à des idées vides, éloignées et abstraites : la violence légitime, la sécurité, la paix civile, l’ordre des choses… Il peut bien faire usage de son libre arbitre, choisir ses victimes selon ses goûts personnels, vouvoyer ou tutoyer celles et ceux qu’il contrôle mais ce que son uniforme recouvre, c’est son irresponsabilité fondamentale. La seule grandeur qui lui est accessible, c’est celle d’obéir à des ordres, sa seule liberté, c’est d’incarner à une échelle microscopique et dérisoire la raison d’État. « Mais derrière l’uniforme, il y a un être humain ! », non, ce qu’il y a c’est un sujet irresponsable de ses actes, une marionnette sans éthique, un exécutant au cœur froid. Ce qui rend la vie du policier aussi détestable, c’est la banalité et la vacuité de ce mal-là. »
Temps de lecture : ~ 36 minutes
Comme un chien enragé
« Je suis actuellement incarcéré en détention préventive à la prison de la Santé, à Paris. J’espère ici réussir à donner un bon aperçu de cette vie de chien, une plongée en apnée dans l’univers carcéral. Je suis pour la destruction totale de tous les lieux d’enfermement quels qu’ils soient, et avant mon incarcération, je participais déjà aux luttes anticarcérales et <avais donc développé un certain intérêt pour la condition du prisonnier, et pourtant la prison telle que je la vis aujourd’hui est assez éloignée de la façon dont je pouvais me la représenter concrètement vue de l’extérieur. »
Temps de lecture : ~ 31 minutes
chronique du pied de biche
"Chroniques du pied de biche" ouvre une porte subjective sur les squats et ce qui les traverse. Il se fait l’écho de petites et grandes aventures, de résistances, d’émotions, rencontres et transformations du rapport au monde, cueillies à travers plus d’une décennie d’occupations...
Temps de lecture : ~ 23 minutes
Stig Dagerman
Notre besoin de consolation est impossible a rassasier
« Je suis dépourvu de foi et ne puis donc être heureux, car un homme qui risque de craindre que sa vie soit une errance absurde vers une mort certaine ne peut être heureux. Je n’ai reçu en héritage ni dieu, ni point fixe sur la terre d’où je puisse attirer l’attention d’un dieu : on ne m’a pas non plus légué la fureur bien déguisée du sceptique, les ruses de Sioux du rationaliste ou la candeur ardente de l’athée. Je n’ose donc jeter la pierre ni à celle qui croit en des choses qui ne m’inspirent que le doute, ni à celui qui cultive son doute comme si celui-ci n’était pas, lui aussi, entouré de ténèbres. Cette pierre m’atteindrait moi-même car je suis bien certain d’une chose : le besoin de consolation que connaît l’être humain est impossible à rassasier. » Stig Dagerman, né Stig Halvard Jansson, le 5 octobre 1923 à Älvkarleby, et mort le 4 novembre 1954 à Danderyd, est un écrivain et journaliste libertaire suédois. Il est l'un des écrivains suédois les plus importants des années 1940. De 1945 à 1949, il publie, avec un succès considérable, un grand nombre d'œuvres littéraires et journalistiques. Puis soudain, et sans raison connue, il cesse d'écrire. Il se suicide à l'automne 1954.
Temps de lecture : ~ 13 minutes
Elsa Dorlin
Ce que peut un corps
Ce texte constitue le prologue au livre *Se défendre, une philosophie de la violence *d’Elsa Dorlin, paru en 2017. Il a obtenu les prix Frantz Fanon 2018 (Caribbean Philosophical Association), et le prix de l'Ecrit Social 2019
Temps de lecture : ~ 28 minutes
Une politique transsexuelle à l’encontre de l’identité
• Une politique transsexuelle à l’encontre de l’identité (Marlène Ducasse) • Comment penser la transitude ? Une approche matérialiste (Anastasia) • La socialisation comme théorie du genre incomplète (Soeur Nathalie) • Traître à sa classe (Anastasia)
Temps de lecture : ~ 41 minutes
Jerome Baschet
20 ans d'experience zapatiste
« L’urgence qu’il y a à tirer le signal d’alarme capable d’arrêter la locomotive folle de l’Histoire est extrême. Cela suppose d’être capable de construire d’autres mondes, qui échappent à la fois aux logiques de l’Économie-toute-puissante et à la capture étatique de la puissance collective. C’est vers l’expérience zapatiste, qui se construit patiemment depuis plus de vingt ans au Sud du Mexique, que l’on se tournera ici. » Jérôme Baschet est historien. Après avoir longtemps enseigné à l’EHESS, il enseigne maintenant à l’Universidad Autónoma de Chiapas, à San Cristóbal de Las Casas (Mexique). Il est notamment l’auteur de Défaire la tyrannie du présent et d’Adieu au capitalisme
Temps de lecture : ~ 14 minutes
Francois Cusset
Au Chiapas la révolution s'obstine
Au début des années 1990, le soulèvement zapatiste incarnait une option stratégique : changer le monde sans prendre le pouvoir. Une lutte indigène et anti-capitaliste, une organisation du pouvoir à la fois horizontale et verticale, visant l’autogouvernement et l’élaboration de solidarités entre les luttes des cinq continents...
Temps de lecture : ~ 23 minutes
Autobiographie d'un corps trans
« C’est l’histoire d’histoires, de réflexions, de discussions qui ont marqué et rythmé ma transition FTM (female to male). C’est le récit de la rage d’avoir été une meuf dans ce monde de merde. C’est ma stratégie pour m’en sortir. » Leslie Feinberg (1949-2014) est une auteur⋅ice américain⋅e lesbienne butch transgenre, militant⋅e communiste, antiraciste et pour les droits des personnes transgenres. Ielle est notamment l’auteur⋅ice de Stone Butch Blues
Temps de lecture : ~ 26 minutes