Francis Dupuis-Déri
Black Blocs Bas les masques
Luttes  pacifisme  propagande  capitalisme 

« Le 30 novembre 1999, lors de la « Bataille de Seattle », les « Black Blocs » font une entrée fracassante dans le mouvement « antimondialisation » en lançant des frappes contre des succursales de banques et des magasins Gap, Levi’s, McDonald’s. Ce recours à la force si spectaculaire a permis au mouvement d’obtenir une très grande visibilité médiatique. Pourtant, nombre de manifestants pacifistes et de porte-parole des groupes réformistes accusent les Black Blocs et leurs alliés de nuire à l’image publique du mouvement « antimondialisation ». Cette critique se double très souvent d’une analyse saturée de clichés : le phénomène Black Bloc serait l’expression d’un « anarchisme » réduit à une pulsion irrationnelle qui pousse des « jeunes casseurs » à la violence et au chaos. Justifiée à première vue pour ceux et celles que la violence met mal-à-l’aise, cette charge critique contre les Black Blocs brouille la pensée et a elle-même des répercussions politiques négatives pour l’ensemble du mouvement. Ce texte a pour objet d’analyser cette politique de la critique après avoir déboulonné quelques mensonges qui circulent au sujet des Black Blocs. » Francis Dupuis-Déri milite et a milité dans des collectifs s’opposant à la guerre, à la violence policière et au capitalisme (entre autres causes). Il a signé plusieurs ouvrages sur la démocratie, les mouvements sociaux, l’anarchisme, le féminisme et le masculinisme. Il enseigne également en science politique et en études féministes à l’UQAM.

Temps de lecture : ~ 20 minutes

Gunther Anders
La fin du pacifisme
Luttes  Écologie  Pacifisme  Répression 

Günther Anders (né Günther Siegmund Stern) est un penseur, journaliste et essayiste allemand puis autrichien, né en 1902 à Breslau et mort à Vienne en 1992. Ancien élève de Husserl et Heidegger et premier époux de Hannah Arendt, il est connu pour être un critique de la technologie important et un auteur pionnier du mouvement antinucléaire. Le principal sujet de ses écrits est la destruction de l'humanité. Günther Anders a traité du statut de philosophe, de la Shoah, de la menace nucléaire et de l'impact des médias de masse sur notre rapport au monde, jusqu'à vouloir être considéré comme un « semeur de panique » : selon lui, « la tâche morale la plus importante aujourd'hui consiste à faire comprendre aux hommes qu'ils doivent s’inquiéter et qu'ils doivent ouvertement proclamer leur peur légitime ». Il a été récompensé de nombreux prix au cours de sa vie pour son travail, dont le Deutscher Kritikerpreis de 1967 et le prix Theodor-W.-Adorno de 1983. A 85 ans, suite à la catastrophe de Tchernobyl, il renonce à la non-violence et prône la « légitime défense » face au péril nucléaire. Allant jusqu’à affirmer qu’« il n’y a pas d’autre moyen de survivre que de menacer ceux qui nous menacent », les appels à la violence de Gunther Anders choquent et agitent les sphères militantes et intellectuelles, notamment en Allemagne. Ces textes marquent son revirement intellectuel : le premier explique pourquoi le sabotage est devenu selon lui insuffisant, et justifie la violence envers ceux qui menacent la survie de l’humanité ; le second, sous forme d’une interview imaginaire, reprend ce plaidoyé et critique les mobilisations non-violentes, qu’il qualifie de happening.

Temps de lecture : ~ 35 minutes