S·edition est un infokiosque proposant des brochures au format A6. Les textes édités existent parfois au format A5 plus classique, et dans ce cas, ils sont souvent accessibles sur le site Infokiosque.net.
Les textes proposées ici n’appartienent pas à un “courant” de pensée ou une idéologie en particulier; mais ont ceci de commun qu’ils interrogent et dénoncent différents systèmes d’oppressions (économique, étatique, patriarcal, raciste, colonial…), ou proposent des pistes de réflexions pour y résister.
Mathieu Rigouste
L’ordre sécuritaire et le soulèvement des quartiers populaires
– Le néocolonialisme et la société postcoloniale – De la bataille d’Alger à la bataille de Villiers-le-Bel – Une contre-insurrection médiatico-policière – Il faut sacrifier des boucs émissaires – Expérimentation, démonstration et commerce des techniques de provocation/répression – Les points de rupture de la machinerie sécuritaire – Maintenant il faut s’organiser « J’ai vécu 25 ans à Gennevilliers, banlieue populaire de Paris où quelques cités servent de terrains de chasse à la police. J’y ai vu l’oppression quotidienne, la misère et la ségrégation. J’y ai aussi appris l’entraide, la solidarité et l’espoir. Depuis dix ans j’enquête sur les méthodes de répression et le développement du système sécuritaire, je recueille aussi la parole de ceux qui s’y affrontent. J’ai vu les Uteq à Villiers-le-Bel quelques après-midi de juin 2009, j’y ai écouté ce qu’on voulait bien me raconter de la bataille, j’ai assisté au procès exactement un an plus tard et recueilli toutes les sources qui pouvaient permettre de décortiquer la mécanique qui s’est abattue sur celles et ceux de Villiers-le-Bel. » — Mathieu Rigouste
Temps de lecture : ~ 45 minutes
Mais au fond qu'est ce que vous voulez
Ces quelques lignes ont été écrites en juillet 2004 par un anarchiste italien. Frappé par la répression comme d’autres compagnons à travers tout le pays, il se trouvait alors incarcéré à la prison de Trento. C’est au cours de ce séjour qu’il en a profité pour jeter sur le papier ces brèves réflexions, destinées à donner une première réponse à tous ceux qui, inlassablement, finissent par demander « Oui, mais au fond, qu’est-ce que vous voulez ? ». Elles ont ensuite été publiées dans une feuille de critique sociale du coin, Adesso. Ni bréviaire du petit anarchiste contemporain comme se plaisent à en imprimer quelques éditeurs (un marché s’est semble-t-il réouvert depuis les émeutes de Gênes en juillet 2001), ni guide à conserver chez soi entre deux auteurs très 19e siècle comme on les aime dans certaines organisations, il s’agit au contraire d’un texte qui, tout en se revendiquant d’une éthique anarchiste, cherche à poser en quelques lignes la vie pour laquelle nous nous battons, « conscient que ce que nous voulons ne peut que “porter la panique à la superficie des choses” ». Comme des pierres jetées sur l’eau et dont les cercles s’agrandiraient à l’infini.
Temps de lecture : ~ 15 minutes
Louis-George Tin
Qu'est ce que l'hétérosexisme ?
« L’hétérosexisme peut être défini comme un principe de vision et de division du monde social, qui articule la promotion exclusive de l’hétérosexualité à l’exclusion quasi promue de l’homosexualité. Il repose sur l’illusion téléologique selon laquelle l’homme serait fait pour la femme et surtout la femme pour l’homme, intime conviction qui se voudrait le modèle nécessaire et l’horizon ultime de toute société humaine. » Louis-Georges Tin, né en 1974 à la Martinique, est un universitaire français et un militant contre l'homophobie et le racisme. Il a été à l’initiative en 2005 de la Journée mondiale contre l'homophobie et la transphobie et est président-fondateur du cercle de réflexion République & Diversité. Il a été président du Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN) de 2011 à 2017.
Temps de lecture : ~ 15 minutes
Que faire pour empecher la police de tuer
Les poursuites pénales et les poursuites au civil Les commissions de plainte en matière de droits civiques et les mesures visant à responsabiliser la police Les caméras-piétons et le fait de filmer la police Faire pression sur les politiques Voter Les manifestations pacifistes Les émeutes Alors, qu’est-ce qu’on fait ? Désarmer et abolir la police. Promouvoir l’auto-défense collective. Partager les ressources gratuitement par le biais de l’entraide Délégitimer et retirer tout pouvoir aux institutions qui excusent les meurtres de la police. Pour en finir une fois pour toute avec les meurtres de la police
Temps de lecture : ~ 20 minutes
Christine Delphy
Race Caste et Genre en France
« Je vais parler de l’interaction entre deux systèmes de domination, la race et le sexe. Je me propose d’analyser l’oppression des populations maghrébines, puis de leurs enfants selon trois axes : 1) le premier est la façon dont la construction sociale qu’est la “ race ” s’articule avec cette autre construction sociale qu’est le “ sexe ”. Ces deux construits sociaux sont bâtis de la même façon, par et pour la domination, bien qu’ils aient, évidemment des formes distinctes. 2) le second axe est l’hypothèse que nous assistons aujourd’hui en France, à la création d’un système de castes raciales. [...]. 3) Dans le sujet que je traite, le débat sur le foulard islamique a une place, mais plutôt comme le révélateur d’une dynamique qui remonte bien en amont et se poursuit bien en aval. » Christine Delphy est une sociologue et féministe française. Chercheuse du CNRS depuis 1966 dans le domaine des études féministes ou études de genre, elle est une des cofondatrices de Nouvelles Questions féministes, une revue qui introduit, entre autres, le concept de genre et le courant intellectuel du féminisme matérialiste. Elle a une activité militante importante tout d'abord dans les années 1960-70 dans différents groupes féministes liés au Mouvement de libération des femmes, dont elle est l'une des fondatrices, avant de s'engager dans les années 2000-2010 dans des cercles de réflexion critique du libéralisme, puis dans le combat contre la loi sur les signes religieux dans les écoles publiques françaises et plus généralement dans la lutte contre l'islamophobie.
Temps de lecture : ~ 26 minutes
etrangere a soi
reflexion sur le self care
« Assumer que le self-care est toujours bon signifie prendre pour acquis que le self et le care ont toujours le même sens. Nous voulons ici remettre en question les définitions monolithiques et statiques du soi et du soin. Ainsi, ce que nous proposons, c’est que différents types de soins/care produisent différents types de soi, et que le care est l’un des champs de bataille où se jouent les luttes sociales. »
Temps de lecture : ~ 35 minutes
Virginie Despentes
Rien ne me separe de la merde qui m'entoure
"« Il est temps de se soustraire aux évidences. Le monde tel qu’on le connaissait s’écroule : ce n’est pas une mauvaise nouvelle, c’est le moment de se souvenir ‘on n’est pas obligés pour les armes, on n’est pas obligés pour la guerre, on n’est pas obligés pour la destruction des ressources, on n’est pas obligés de tenir compte des marchés, le patriarcat est une narration et elle a fait son temps’. Terminé de passer nos vies à quatre pattes sous les tables de vos festins, à grignoter vos restes et sucer vos bites à l’aveugle, gratuitement, aimablement, en remerciant abondamment à chaque éjaculation – ça nous fait tellement plaisir de vous voir heureux vous qui êtes à table. Terminé. Maintenant quand on ouvre la bouche c’est pour mordre, ou pour parler. » Virginie Despentes est une écrivaine et réalisatrice française, féministe et figure de la communauté lesbienne. Elle est notamment l’autrice de King kong théorie, Apocalypse baby, et réalisatrice du film Baise-moi..."
Temps de lecture : ~ 19 minutes
Technique de pouvoir pastorale
Cette enquète, réalisée par le collectif cip-idf (comité des intermittents et précaires – Ile de France), analyse le type de pouvoir qu’exerce l’État à travers son travail de « réinsertion » des chomeurs et précaires, en recourant au philosophe Michel Foucault. Elle propose parallèlement des témoignages de ce que produit chez les individus ces techniques de contrôle social.
Temps de lecture : ~ 43 minutes
treize minutes
A 21h20, comme prévu, le tic-tac de l’horloge de Georg Elser cessa de battre. Dans un terrible fracas, la colonne située derrière la scène se brisa, faisant s’écrouler tout le balcon qu’elle soutenait ainsi que le toit, en dévastant le local. Une pluie de débris de bois, de briques et d’acier s’abattit sur la scène en la pulvérisant complètement.
Temps de lecture : ~ 19 minutes
Violence de la Légitimité Légitimité de la Violence
« Qu’est-ce que la violence ? Qui la définit ? A-t-elle une place dans la recherche de la libération ? Ces questions séculaires reviennent sur le devant de la scène lors de chaque mouvement d’ampleur qui déborde les cadres des organisations syndicales et militantes établies. Mais cette discussion n’a jamais lieu sur un pied d’égalité ; si certain·e·s délégitiment la violence, le langage de la légitimité luimême ouvre la voie à son utilisation par les autorités. »
Temps de lecture : ~ 33 minutes
Vous avez dit soral
D’aucuns prétendent qu’il ne faudrait pas parler de lui au prétexte que cela « lui fait de la publicité ». Argument sot. C’est par millions que se chiffrent déjà les vues de ses vidéos – sans rien dire du site qu’il administre, extrêmement visité, de ses livres qui s’arrachent sans la moindre promotion » [...] Cet article, fort d’une lecture exhaustive de son œuvre, se charge donc de rassembler les éléments disponibles en un même espace afin qu’il ne soit plus possible, comme on le lit ou l’entend trop souvent, de prétendre que Soral, il est vrai, « dépasse parfois les bornes », « dit des conneries », « exagère », mais que, tout de même, l’homme « a raison sur plein de choses » et qu’il est « bon sur le fond, si on oublie la forme ». Qu’il ne soit plus possible d’entendre un Étienne Chouard, qui se revendique pourtant de la gauche et de la tradition libertaire, déclarer : « Pour moi, Alain Soral est à gauche parce qu’il se bat contre les privilèges. C’est un résistant. »
Temps de lecture : ~ 29 minutes
we are all very anxious
« Le secret de polichinelle d’aujourd’hui c’est que tout le monde est anxieux·se. L’anxiété s’est déplacée de ces localisations précédentes (comme la sexualité) pour s’étendre à tout le champ social. Toutes les formes d’intensités, d’expression de soi, de connexion émotionnelle, d’immédiateté, et de jouissance sont maintenant entrelacées d’anxiété. C’est devenu le pivot de la subordination. »
Temps de lecture : ~ 25 minutes