Françoise Vergès
définir un camp : un féminisme décolonial
« [Ce texte] se situe dans la continuité des ouvrages critiques des féministes du Sud global et de leurs alliées au Nord sur le genre, le féminisme, les luttes de femmes et la critique d’un féminisme que j’appelle civilisationnel parce qu’il a entrepris la mission d’imposer au nom d’une idéologie des droits des femmes une pensée unique qui contribue à la perpétuation d’une domination de classe, de genre et de race. J’y défends un féminisme décolonial ayant pour objectif la destruction du racisme, du capitalisme et de l’impérialisme » Françoise Vergès est politologue et militante feministe « décoloniale ». Elle est membre du département politique au Center for Cultural Studies du Goldsmiths College de l'université de Londres de 2014 à 2018.
Temps de lecture : ~ 70 minutes
Francis Dupuis-Déri
Black Blocs Bas les masques
« Le 30 novembre 1999, lors de la « Bataille de Seattle », les « Black Blocs » font une entrée fracassante dans le mouvement « antimondialisation » en lançant des frappes contre des succursales de banques et des magasins Gap, Levi’s, McDonald’s. Ce recours à la force si spectaculaire a permis au mouvement d’obtenir une très grande visibilité médiatique. Pourtant, nombre de manifestants pacifistes et de porte-parole des groupes réformistes accusent les Black Blocs et leurs alliés de nuire à l’image publique du mouvement « antimondialisation ». Cette critique se double très souvent d’une analyse saturée de clichés : le phénomène Black Bloc serait l’expression d’un « anarchisme » réduit à une pulsion irrationnelle qui pousse des « jeunes casseurs » à la violence et au chaos. Justifiée à première vue pour ceux et celles que la violence met mal-à-l’aise, cette charge critique contre les Black Blocs brouille la pensée et a elle-même des répercussions politiques négatives pour l’ensemble du mouvement. Ce texte a pour objet d’analyser cette politique de la critique après avoir déboulonné quelques mensonges qui circulent au sujet des Black Blocs. » Francis Dupuis-Déri milite et a milité dans des collectifs s’opposant à la guerre, à la violence policière et au capitalisme (entre autres causes). Il a signé plusieurs ouvrages sur la démocratie, les mouvements sociaux, l’anarchisme, le féminisme et le masculinisme. Il enseigne également en science politique et en études féministes à l’UQAM.
Temps de lecture : ~ 20 minutes
Adrienne Rich
les arts du possible
« Là où la démocratie devient « la libre entreprise », les droits des individus l’intérêt propre du capital, il n’y a pas à s’étonner que l’ensemble des régulations sociales requises pour rendre possible l’égalité démocratique soit renvoyé comme un gigantesque bric-à-brac désuet, connu comme « le trop d’État ». Dans le vocabulaire volé aux politiques de libération, aucun mot n’a été aussi prostitué que celui de liberté. » Adrienne Rich, (1929-2012) est une poétesse, essayiste, professeure d'université et théoricienne féministe américaine. À partir des années 1970, une part importante de son œuvre est consacrée à son lesbianisme et à son engagement contre l'hégémonie de l'hétérosexualité comme seule norme sociale de la sexualité.
Temps de lecture : ~ 38 minutes
Gunther Anders
De l'entreprise capitaliste a l'entreprise nazie
Ce texte est un extrait du livre L’Obsolescence de l’homme. Sur l’âme à l’époque de la deuxième révolution industrielle, initialement paru en 1956 (traduction française publiée en 2002 par les éditions de l’Encyclopédie des Nuisances/Ivrea). Gunther Anders y expose en quoi les abominables crimes des nazis ont été rendus possibles et même favorisés par le fonctionnement général du capitalisme (qui, de la même manière, pour la même raison, génère en permanence toutes sortes de désastres sociaux et écologiques). Günther Anders (1902 – 1992) est un penseur, journaliste et essayiste allemand puis autrichien Ancien élève de Husserl et Heidegger et premier époux de Hannah Arendt, il est connu pour être un critique de la technologie important et un auteur pionnier du mouvement antinucléaire. Le principal sujet de ses écrits est la destruction de l’humanité.
Temps de lecture : ~ 11 minutes
Jerome Baschet
20 ans d'experience zapatiste
« L’urgence qu’il y a à tirer le signal d’alarme capable d’arrêter la locomotive folle de l’Histoire est extrême. Cela suppose d’être capable de construire d’autres mondes, qui échappent à la fois aux logiques de l’Économie-toute-puissante et à la capture étatique de la puissance collective. C’est vers l’expérience zapatiste, qui se construit patiemment depuis plus de vingt ans au Sud du Mexique, que l’on se tournera ici. » Jérôme Baschet est historien. Après avoir longtemps enseigné à l’EHESS, il enseigne maintenant à l’Universidad Autónoma de Chiapas, à San Cristóbal de Las Casas (Mexique). Il est notamment l’auteur de Défaire la tyrannie du présent et d’Adieu au capitalisme
Temps de lecture : ~ 14 minutes
Francois Cusset
Au Chiapas la révolution s'obstine
Au début des années 1990, le soulèvement zapatiste incarnait une option stratégique : changer le monde sans prendre le pouvoir. Une lutte indigène et anti-capitaliste, une organisation du pouvoir à la fois horizontale et verticale, visant l’autogouvernement et l’élaboration de solidarités entre les luttes des cinq continents...
Temps de lecture : ~ 23 minutes
Leslie Feinberg
le mouvement de liberation transgenre
Le genre : une définition de soi, pas une anatomie • Le transgendérisme bouffe l’oppression • C’est le « passing » qui est nouveau • « Elle est un homme » • Pourquoi une telle haine ? • Comment le naturel cesse de l’être • Le calvaire des transgenres • Les transgenres dans le monde • Le passing comme condition de survie • Comment le capitalisme se sert des vieux préjugés • Des vies rendues invisibles • De Jeanne d’Arc à Stonewall • Combattre pour un monde meilleur Leslie Feinberg (1949-2014) est une auteur⋅ice américain⋅e lesbienne butch transgenre, militant⋅e communiste, antiraciste et pour les droits des personnes transgenres. Ielle est notamment l’auteur⋅ice de Stone Butch Blues
Temps de lecture : ~ 29 minutes
Said Bouamama
Comprendre et combattre le fascime et la fascisation
Le 24 octobre 2009 à Paris, au Centre International de Culture Populaire, je donnait une conférence sur le fascisme dans le cadre d’un cycle de formations marxistes. Plus de 10 ans après le média en ligne antifasciste « ACTA » me demandait de l’actualiser pour son site qui le publia le 27 mars 2021 avec l’introduction suivante : Nous avons tenu à retranscrire son contenu, tant il nous paraît d’une actualité brûlante, dans un contexte où le fascisme structure une part de plus en plus importante du champ politique français. Cette formation nous semble essentielle pour les nouvelles générations antifascistes qui s’engagent dans une séquence où le fascisme va être un sujet et un objet de lutte central (notamment dans la perspective des élections présidentielles à venir). Le fascisme peut prendre différentes formes et pour le démasquer, en comprendre le but, et le combattre de manière efficace, la théorie marxiste fournit des outils indispensables. Saïd Bouamama est sociologue et militant du FUIQP (Front uni des immigrations et des quartiers populaires)
Temps de lecture : ~ 44 minutes
Olivier Razac
contre l'abolitionnisme
« Après des études de philosophie à l’Université Paris 8 dans les années 90 et une période de production d’essais de philosophie politique sur des objets contemporains (le barbelé et la délimitation de l’espace, le zoo et le spectacle de la réalité, la médecine et la « grande santé »). J’ai travaillé pendant huit ans comme enseignantchercheur au sein de l’Administration Pénitentiaire. C’est dans cette institution disciplinaire que j’ai compris ce que pouvait signifier pour moi la pratique de la philosophie, c’est-à-dire une critique des rationalités de gouvernement à partir des pratiques et dans une perspective résolument anti-autoritaire. Depuis 2014, j’ai intégré l’université de Grenoble comme maître de conférences en philosophie. Je travaille sur la question de l’autorité politique, sur les notions de société du spectacle et de société du contrôle. J’essaie également de porter, avec les étudiants, des projets de philosophie appliquée déconstruisant les pratiques de pouvoir. Enfin, nous tentons de faire vivre un réseau de « philosophie plébéienne », anti-patricienne donc, mais aussi en recherche de relations avec tous nos camarades artisans de la critique sociale. » — Olivier Razac
Temps de lecture : ~ 29 minutes
Hazel Croft
Pour une approche politique de la sante mentale
« Une approche sociale nous permet de voir que la santé mentale est centrale dans toutes les dimensions de notre vie, et qu’elle est liée à toutes les batailles que nous avons à mener – contre le racisme et le sexisme, pour la libération sexuelle, pour un logement décent, ou dans nos luttes sur nos lieux de travail contre le travail précaire et les tentatives de nous faire travailler plus longtemps et de façon plus intensive. Notre lutte se fait avec les travailleuses/ eurs de la santé mentale, avec les usager.e.s et avec d’autres. Oui, nous devons défendre les services de santé, mais nous devons aussi chercher à conceptualiser la santé mentale d’une manière qui soit libératrice et qui ne nous réduise pas à nos corps biologiques ou à des unités que l’on mesure à l’aune du « bonheur ». Hazel Croft est historienne, écrivaine et militante communiste.
Temps de lecture : ~ 34 minutes
Bob Black
Abolir le Travail
Bob Black, né à Détroit le 4 janvier 1951, est un anarchiste américain, principalement connu pour ce livre L'Abolition du travail. Ce livre, L'Abolition du travail (ou Travailler, moi ? Jamais !), de 1985, a été traduit dans sept langues. La première traduction en français fut pour la revue Interrogations en 1990. Il y définit en quoi le travail est un crime contre l’humanité en lui-même ou à travers ses conséquences. Pour l’abolir, il propose une révolution ludique : « Les employés, enrégimentés toute leur vie, happés par le travail au sortir de l’école et mis entre parenthèses par leur famille à l’âge préscolaire puis à celui de l’hospice, sont accoutumés à la hiérarchie et psychologiquement réduits en esclavage. Leur aptitude à l’autonomie est si atrophiée que leur peur de la liberté est la moins irrationnelle de leurs nombreuses phobies. » Il a participé aussi à l'édition de deux anthologies, l'une de « divagations » (1989), l'autre de diatribes contre le travail (1990). Il a publié, en 2002, Anarchy after Leftism.
Temps de lecture : ~ 38 minutes
Silvia Federici
La revolution feministe inachevée
Silvia Federici, écrivaine, militante et professeure de l’Université de Hofstra de New York, est une référence pour comprendre l’interconnexion entre la crise systémique actuelle du capital et l’augmentation des différentes formes de violences à l’égard des femmes, en se référant aux analyses féministes de la transition du féodalisme au capitalisme et au rôle du travail reproductif non salarié dans la constitution du système capitaliste. Elle est notamment l’auteure de Caliban et la sorcière. Voici le premier chapitre du livre de Silvia Federici : Point zéro : propagation de la révolution. Salaire ménager, reproduction sociale, combat féministe. 'Mon engagement dans le mouvement des femmes m'a amenée à prendre conscience que la reproduction des êtres humains est au fondement de tout système économique et politique, et que si le monde continue de tourner, c'est grâce à l'immense quantité de tâches ménagères, payées et non payées, effectuées par les femmes.'
Temps de lecture : ~ 53 minutes
pierre madelin
la tentation ecofasciste
Alors que la question du « monde d'après » est sur toutes les lèvres et que la crise du capitalisme s'accentue, il nous a semblé important de nous interroger sur ce que pourrait être une politique écofasciste. À quoi pourrait ressembler une alliance entre le « vert » et le « brun » ? Pierre Madelin est un essayiste et traducteur. Il a étudié la philosophie à la Sorbonne avant de devenir traducteur spécialisé dans les 'humanités environnementales'. Depuis 2012, Pierre Madelin vit et travaille à San Cristóbal de Las Casas dans l’État du Chiapas, au Mexique. Il est notamment l’auteur du livre « Après le capitalisme »
Temps de lecture : ~ 35 minutes
Lordon
le capitalisme ne rendra pas les cles gentiment
« La fin de l’histoire est connue : la « démocratie », le parlement, la « loi de la majorité », tout ça finit en bombardement aérien de la Moneda. Et voilà le point de cruauté de la leçon de chose : jusqu’au dernier moment, Allende a voulu croire en la procédure « démocratique », et refusé l’option de la classe ouvrière en armes. Malheureusement, en face, on n’y croyait pas. Moyennant quoi, les armes n’ont été que d’un côté — qui a, logiquement, été vainqueur. Drame classique de la théorie des jeux : celui qui joue la coopération dans un jeu noncoopératif finit comme à la belote : capot. » Frédéric Lordon est économiste et philosophe. Il est notamment l’auteur de Jusqu’à quand ? Pour en finir avec les crises financières, Raisons d’agir, 2008 ; Capitalisme, désir et servitude. Marx et Spinoza, La Fabrique, 2010 ; D’un retournement l’autre, Seuil, 2011 ; La société des affects, Seuil, 2013 ; et Imperium. Structures et affects des corps politiques, La Fabrique, 2015.
Temps de lecture : ~ 31 minutes
Einstein
Le capitalisme voila la source du mal
En mai 1949, Albert Einstein, peu connu pour son positionnement politique, signait un article paru dans le premier numéro du magazine de la gauche états-unienne Monthly Review. Il expliquait pourquoi il choisissait le socialisme plutôt que le capitalisme.
Temps de lecture : ~ 14 minutes
L’anthroposophie, discrète multinationale de l’ésotérisme
Quoi de commun entre l’agriculture biodynamique, une école à la pédagogie atypique, une grande entreprise de cosmétiques, un investissement dans une ferme éolienne ? Tous sont liés à l’anthroposophie, un courant spirituel fondé au début du XXe siècle par Rudolf Steiner. Discret mais influent, ce mouvement international dispose de relais économiques et politiques… jusqu’au sein du gouvernement français.
Temps de lecture : ~ 38 minutes
etrangere a soi
reflexion sur le self care
« Assumer que le self-care est toujours bon signifie prendre pour acquis que le self et le care ont toujours le même sens. Nous voulons ici remettre en question les définitions monolithiques et statiques du soi et du soin. Ainsi, ce que nous proposons, c’est que différents types de soins/care produisent différents types de soi, et que le care est l’un des champs de bataille où se jouent les luttes sociales. »
Temps de lecture : ~ 35 minutes
Technique de pouvoir pastorale
Cette enquète, réalisée par le collectif cip-idf (comité des intermittents et précaires – Ile de France), analyse le type de pouvoir qu’exerce l’État à travers son travail de « réinsertion » des chomeurs et précaires, en recourant au philosophe Michel Foucault. Elle propose parallèlement des témoignages de ce que produit chez les individus ces techniques de contrôle social.
Temps de lecture : ~ 43 minutes
we are all very anxious
« Le secret de polichinelle d’aujourd’hui c’est que tout le monde est anxieux·se. L’anxiété s’est déplacée de ces localisations précédentes (comme la sexualité) pour s’étendre à tout le champ social. Toutes les formes d’intensités, d’expression de soi, de connexion émotionnelle, d’immédiateté, et de jouissance sont maintenant entrelacées d’anxiété. C’est devenu le pivot de la subordination. »
Temps de lecture : ~ 25 minutes