Francis Dupuis-Déri
L'esprit antidémocratique des fondateurs de la «démocratie» moderne
« Se réclamant de la « démocratie » – sans toutefois donner plus de pouvoir au démos –, les représentants de nos systèmes politiques n’ont pas seulement piégé le peuple qu’ils prétendaient servir, c’est la langue elle-même qu’ils ont trahie : comment désormais mettre à jour l’anti-démocratisme des discours, des pratiques, des systèmes et des hommes politiques rangés sous l’étiquette de « démocrates » ? Le glissement de sens qu’a connu le mot « démocratie » constitue sans doute le principal coup de maître de la propagande politique moderne. » Francis Dupuis-Déri milite et a milité dans des collectifs s’opposant à la guerre, à la violence policière et au capitalisme (entre autres causes). Il a signé plusieurs ouvrages sur la démocratie, les mouvements sociaux, l’anarchisme, le féminisme et le masculinisme. Il enseigne également en science politique et en études féministes à l’UQAM.
Temps de lecture : ~ 30 minutes
Quadrupanni et Floch
Pourquoi les flics sont-ils tous des bâtards
« Le policier n’est ni un guerrier ni un mafieux : le bénéfice de la violence qu’il prodigue au jour le jour ne lui revient jamais, elle est gratuite. S’il harcèle, racket ou brutalise, ce n’est jamais pour son propre intérêt, c’est parce qu’on lui commande de le faire. Les méfaits dont il doit s’acquitter quotidiennement ne répondent pas à son éthique propre mais à des idées vides, éloignées et abstraites : la violence légitime, la sécurité, la paix civile, l’ordre des choses… Il peut bien faire usage de son libre arbitre, choisir ses victimes selon ses goûts personnels, vouvoyer ou tutoyer celles et ceux qu’il contrôle mais ce que son uniforme recouvre, c’est son irresponsabilité fondamentale. La seule grandeur qui lui est accessible, c’est celle d’obéir à des ordres, sa seule liberté, c’est d’incarner à une échelle microscopique et dérisoire la raison d’État. « Mais derrière l’uniforme, il y a un être humain ! », non, ce qu’il y a c’est un sujet irresponsable de ses actes, une marionnette sans éthique, un exécutant au cœur froid. Ce qui rend la vie du policier aussi détestable, c’est la banalité et la vacuité de ce mal-là. »
Temps de lecture : ~ 36 minutes
Silvia Federici
La revolution feministe inachevée
Silvia Federici, écrivaine, militante et professeure de l’Université de Hofstra de New York, est une référence pour comprendre l’interconnexion entre la crise systémique actuelle du capital et l’augmentation des différentes formes de violences à l’égard des femmes, en se référant aux analyses féministes de la transition du féodalisme au capitalisme et au rôle du travail reproductif non salarié dans la constitution du système capitaliste. Elle est notamment l’auteure de Caliban et la sorcière. Voici le premier chapitre du livre de Silvia Federici : Point zéro : propagation de la révolution. Salaire ménager, reproduction sociale, combat féministe. 'Mon engagement dans le mouvement des femmes m'a amenée à prendre conscience que la reproduction des êtres humains est au fondement de tout système économique et politique, et que si le monde continue de tourner, c'est grâce à l'immense quantité de tâches ménagères, payées et non payées, effectuées par les femmes.'
Temps de lecture : ~ 53 minutes
Christine Delphy
Race Caste et Genre en France
« Je vais parler de l’interaction entre deux systèmes de domination, la race et le sexe. Je me propose d’analyser l’oppression des populations maghrébines, puis de leurs enfants selon trois axes : 1) le premier est la façon dont la construction sociale qu’est la “ race ” s’articule avec cette autre construction sociale qu’est le “ sexe ”. Ces deux construits sociaux sont bâtis de la même façon, par et pour la domination, bien qu’ils aient, évidemment des formes distinctes. 2) le second axe est l’hypothèse que nous assistons aujourd’hui en France, à la création d’un système de castes raciales. [...]. 3) Dans le sujet que je traite, le débat sur le foulard islamique a une place, mais plutôt comme le révélateur d’une dynamique qui remonte bien en amont et se poursuit bien en aval. » Christine Delphy est une sociologue et féministe française. Chercheuse du CNRS depuis 1966 dans le domaine des études féministes ou études de genre, elle est une des cofondatrices de Nouvelles Questions féministes, une revue qui introduit, entre autres, le concept de genre et le courant intellectuel du féminisme matérialiste. Elle a une activité militante importante tout d'abord dans les années 1960-70 dans différents groupes féministes liés au Mouvement de libération des femmes, dont elle est l'une des fondatrices, avant de s'engager dans les années 2000-2010 dans des cercles de réflexion critique du libéralisme, puis dans le combat contre la loi sur les signes religieux dans les écoles publiques françaises et plus généralement dans la lutte contre l'islamophobie.
Temps de lecture : ~ 26 minutes
Violence de la Légitimité Légitimité de la Violence
« Qu’est-ce que la violence ? Qui la définit ? A-t-elle une place dans la recherche de la libération ? Ces questions séculaires reviennent sur le devant de la scène lors de chaque mouvement d’ampleur qui déborde les cadres des organisations syndicales et militantes établies. Mais cette discussion n’a jamais lieu sur un pied d’égalité ; si certain·e·s délégitiment la violence, le langage de la légitimité luimême ouvre la voie à son utilisation par les autorités. »
Temps de lecture : ~ 33 minutes