Corinne Monnet
La répartition des tâches entre les femmes et les hommes dans le travail de la conversation
En s’appuyant sur de nombreuses recherches sur la communication, ce texte montre comment la conversation, loin d’être une activité anodine et spontanée, est traversée par des rapports de pouvoir. Il s’intéresse particulièrement aux différentes formes que peut prendre la domination masculine dans le domaine de la conversation et permet ainsi de prendre conscience que la lutte contre le sexisme passe aussi et surtout par un changement de nos comportements au quotidien. Cette étude a été réalisée en 1997 dans le cadre des études de genre à Genève. Elle a été publiée dans les Nouvelles Questions Féministes Vol.19 en 1998. Corinne Monnet, féministe radicale, est active depuis plusieurs années dans la mouvance anarchiste et a contribué à plusieurs initiatives féministes non-mixtes.
Temps de lecture : ~ 42 minutes
pierre madelin
la tentation ecofasciste
Alors que la question du « monde d'après » est sur toutes les lèvres et que la crise du capitalisme s'accentue, il nous a semblé important de nous interroger sur ce que pourrait être une politique écofasciste. À quoi pourrait ressembler une alliance entre le « vert » et le « brun » ? Pierre Madelin est un essayiste et traducteur. Il a étudié la philosophie à la Sorbonne avant de devenir traducteur spécialisé dans les 'humanités environnementales'. Depuis 2012, Pierre Madelin vit et travaille à San Cristóbal de Las Casas dans l’État du Chiapas, au Mexique. Il est notamment l’auteur du livre « Après le capitalisme »
Temps de lecture : ~ 35 minutes
Lordon
le capitalisme ne rendra pas les cles gentiment
« La fin de l’histoire est connue : la « démocratie », le parlement, la « loi de la majorité », tout ça finit en bombardement aérien de la Moneda. Et voilà le point de cruauté de la leçon de chose : jusqu’au dernier moment, Allende a voulu croire en la procédure « démocratique », et refusé l’option de la classe ouvrière en armes. Malheureusement, en face, on n’y croyait pas. Moyennant quoi, les armes n’ont été que d’un côté — qui a, logiquement, été vainqueur. Drame classique de la théorie des jeux : celui qui joue la coopération dans un jeu noncoopératif finit comme à la belote : capot. » Frédéric Lordon est économiste et philosophe. Il est notamment l’auteur de Jusqu’à quand ? Pour en finir avec les crises financières, Raisons d’agir, 2008 ; Capitalisme, désir et servitude. Marx et Spinoza, La Fabrique, 2010 ; D’un retournement l’autre, Seuil, 2011 ; La société des affects, Seuil, 2013 ; et Imperium. Structures et affects des corps politiques, La Fabrique, 2015.
Temps de lecture : ~ 31 minutes
Einstein
Le capitalisme voila la source du mal
En mai 1949, Albert Einstein, peu connu pour son positionnement politique, signait un article paru dans le premier numéro du magazine de la gauche états-unienne Monthly Review. Il expliquait pourquoi il choisissait le socialisme plutôt que le capitalisme.
Temps de lecture : ~ 14 minutes
Le franc CFA ou le Colonialisme Monaitaire
« Le franc CFA est une monnaie coloniale. Il constitue de ce point de vue un cas unique dans le monde : l’autre grande zone monétaire coloniale – la zone sterling – n’a pas survécu aux indépendances. Le franc CFA est un cas spectaculaire par son ampleur d’une monnaie dirigée par un pays qui ne l’utilise pas lui-même. Moins au service du développement économique des pays qui l’utilisent que des capitalistes et de la diplomatie françaises, le franc CFA a activement contribué à perpétuer la domination de la France sur quinze États pendant près de 75 ans. Son remplacement par l’eco, annoncé en mai 2020, pour huit des pays qui l’utilisaient, n’implique en aucun cas la disparition du système colonial sur lequel il repose. »
Temps de lecture : ~ 16 minutes
Jean Baptiste Malet
Le systeme Pierre Rabhi
La panne des grandes espérances politiques remet au goût du jour une vieille idée : pour changer le monde, il suffirait de se changer soi-même et de renouer avec la nature des liens détruits par la modernité. Portée par des personnalités charismatiques, comme le paysan ardéchois Pierre Rabhi, cette « insurrection des consciences » qui appelle chacun à « faire sa part » connaît un succès grandissant. Jean-Baptiste Malet, est un journaliste français. Auteur d’enquêtes « au long cours », il collabore au Monde diplomatique. Il a réalisé plusieurs ouvrages et documentaires, dont une enquête sur Amazon (En Amazonie, Fayard, 2013) et une autre sur la géopolitique du concentré de tomates industriel (L’Empire de l’or rouge, Fayard, 2017), traduites en plusieurs langues. Ce dernier a reçu le prix Albert-Londres du livre en 2018.
Temps de lecture : ~ 29 minutes
Schmitt
Les hommes profeministes et leurs amies
« Je me suis demandé pourquoi les hommes hétérosexuels avons les amitiés que nous avons et pourquoi elles ont tendance à jouer un rôle relativement périphérique dans nos vies. Cherchant des réponses à ces questions, j’ai commencé à lire une partie de la volumineuse littérature au sujet des hommes et des femmes hétérosexuel.le.s dans leurs relations, à propos de leur manière de parler (ou de ne pas parler) les un.e.s aux autres. Cette littérature décrit les hommes hétérosexuels comme impassibles, ignorants de leurs propres émotions, et réticents à examiner leurs sentiments ou écouter d’autres personnes exprimer leurs émotions. Les explications de pourquoi ces hommes sont comme cela allaient de théories psychanalytiques sur la manière de grandir des petits garçons à des discours quasi-darwinistes plus ou moins bidons sur l’Homme-Chasseur et la Femme-Mère. Mais rien de tout ça ne semblait s’appliquer à moi et mes amis. Nous sommes tous des hommes proféministes hétérosexuels. Nous ne nous montrons pas de l’affection en nous frappant ou en nous appelant par des noms vulgaires et insultants. [...] Nous ne sommes pas en concurrence constante les uns avec les autres. […] Nous avons appris à écouter et accorder une attention soigneuse et concentrée. Mais nos amitiés les uns avec les autres restent — à quelques exceptions près — distantes, émotionnellement froides, et apparemment non essentielles à nos vies »
Temps de lecture : ~ 42 minutes
Sara Ahmed et Oristelle Bonis
Les rabat joie féministes
Interrogeant la figure de la « féministe rabat-joie », cet article propose d’en explorer la négativité, aussi bien que la capacité d’agir dont elle est la promesse. Il s’agit ainsi, en repositionnant la pensée féministe comme critique de l’injonction au bonheur, de comprendre le sujet féministe en tant que sujet obstiné. L’obstination féministe est alors appréhendée comme le socle incertain d’une politique collective traduisant les émotions individuelles, la douleur ou la colère ressentie face aux injustices. Au-delà, la figure du sujet obstiné permet de saisir la façon dont, au sein des espaces féministes, les femmes noires ont pu être réduites à leur colère et désignées comme cause des divisions engendrées par le racisme. La position de sujet obstiné constituerait ainsi autant un lieu de tensions que de revendications politiques. Sara Ahmed est une universitaire angloaustralienne dont le domaine d’étude comprend la théorie féministe, le féminisme lesbien, la théorie queer, la critical race theory et le postcolonialisme. Elle est considérée comme une figure de la phénoménologie queer. Oristelle Bonis est directrice de publication des Éditions iXe, spécialisée dans le féminisme et ses différentes voix. Elle a été traductrice puis codirectrice de la collection Bibliothèque du féminisme (1991-2009) aux éditions de l’Harmattan.
Temps de lecture : ~ 35 minutes
Louis-George Tin
Qu'est ce que l'hétérosexisme ?
« L’hétérosexisme peut être défini comme un principe de vision et de division du monde social, qui articule la promotion exclusive de l’hétérosexualité à l’exclusion quasi promue de l’homosexualité. Il repose sur l’illusion téléologique selon laquelle l’homme serait fait pour la femme et surtout la femme pour l’homme, intime conviction qui se voudrait le modèle nécessaire et l’horizon ultime de toute société humaine. » Louis-Georges Tin, né en 1974 à la Martinique, est un universitaire français et un militant contre l'homophobie et le racisme. Il a été à l’initiative en 2005 de la Journée mondiale contre l'homophobie et la transphobie et est président-fondateur du cercle de réflexion République & Diversité. Il a été président du Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN) de 2011 à 2017.
Temps de lecture : ~ 15 minutes
Que faire pour empecher la police de tuer
Les poursuites pénales et les poursuites au civil Les commissions de plainte en matière de droits civiques et les mesures visant à responsabiliser la police Les caméras-piétons et le fait de filmer la police Faire pression sur les politiques Voter Les manifestations pacifistes Les émeutes Alors, qu’est-ce qu’on fait ? Désarmer et abolir la police. Promouvoir l’auto-défense collective. Partager les ressources gratuitement par le biais de l’entraide Délégitimer et retirer tout pouvoir aux institutions qui excusent les meurtres de la police. Pour en finir une fois pour toute avec les meurtres de la police
Temps de lecture : ~ 20 minutes
Christine Delphy
Race Caste et Genre en France
« Je vais parler de l’interaction entre deux systèmes de domination, la race et le sexe. Je me propose d’analyser l’oppression des populations maghrébines, puis de leurs enfants selon trois axes : 1) le premier est la façon dont la construction sociale qu’est la “ race ” s’articule avec cette autre construction sociale qu’est le “ sexe ”. Ces deux construits sociaux sont bâtis de la même façon, par et pour la domination, bien qu’ils aient, évidemment des formes distinctes. 2) le second axe est l’hypothèse que nous assistons aujourd’hui en France, à la création d’un système de castes raciales. [...]. 3) Dans le sujet que je traite, le débat sur le foulard islamique a une place, mais plutôt comme le révélateur d’une dynamique qui remonte bien en amont et se poursuit bien en aval. » Christine Delphy est une sociologue et féministe française. Chercheuse du CNRS depuis 1966 dans le domaine des études féministes ou études de genre, elle est une des cofondatrices de Nouvelles Questions féministes, une revue qui introduit, entre autres, le concept de genre et le courant intellectuel du féminisme matérialiste. Elle a une activité militante importante tout d'abord dans les années 1960-70 dans différents groupes féministes liés au Mouvement de libération des femmes, dont elle est l'une des fondatrices, avant de s'engager dans les années 2000-2010 dans des cercles de réflexion critique du libéralisme, puis dans le combat contre la loi sur les signes religieux dans les écoles publiques françaises et plus généralement dans la lutte contre l'islamophobie.
Temps de lecture : ~ 26 minutes
etrangere a soi
reflexion sur le self care
« Assumer que le self-care est toujours bon signifie prendre pour acquis que le self et le care ont toujours le même sens. Nous voulons ici remettre en question les définitions monolithiques et statiques du soi et du soin. Ainsi, ce que nous proposons, c’est que différents types de soins/care produisent différents types de soi, et que le care est l’un des champs de bataille où se jouent les luttes sociales. »
Temps de lecture : ~ 35 minutes
Technique de pouvoir pastorale
Cette enquète, réalisée par le collectif cip-idf (comité des intermittents et précaires – Ile de France), analyse le type de pouvoir qu’exerce l’État à travers son travail de « réinsertion » des chomeurs et précaires, en recourant au philosophe Michel Foucault. Elle propose parallèlement des témoignages de ce que produit chez les individus ces techniques de contrôle social.
Temps de lecture : ~ 43 minutes
Vous avez dit soral
D’aucuns prétendent qu’il ne faudrait pas parler de lui au prétexte que cela « lui fait de la publicité ». Argument sot. C’est par millions que se chiffrent déjà les vues de ses vidéos – sans rien dire du site qu’il administre, extrêmement visité, de ses livres qui s’arrachent sans la moindre promotion » [...] Cet article, fort d’une lecture exhaustive de son œuvre, se charge donc de rassembler les éléments disponibles en un même espace afin qu’il ne soit plus possible, comme on le lit ou l’entend trop souvent, de prétendre que Soral, il est vrai, « dépasse parfois les bornes », « dit des conneries », « exagère », mais que, tout de même, l’homme « a raison sur plein de choses » et qu’il est « bon sur le fond, si on oublie la forme ». Qu’il ne soit plus possible d’entendre un Étienne Chouard, qui se revendique pourtant de la gauche et de la tradition libertaire, déclarer : « Pour moi, Alain Soral est à gauche parce qu’il se bat contre les privilèges. C’est un résistant. »
Temps de lecture : ~ 29 minutes
we are all very anxious
« Le secret de polichinelle d’aujourd’hui c’est que tout le monde est anxieux·se. L’anxiété s’est déplacée de ces localisations précédentes (comme la sexualité) pour s’étendre à tout le champ social. Toutes les formes d’intensités, d’expression de soi, de connexion émotionnelle, d’immédiateté, et de jouissance sont maintenant entrelacées d’anxiété. C’est devenu le pivot de la subordination. »
Temps de lecture : ~ 25 minutes