Maré Almani
Qu’est-ce que le terrorisme
« “Le terrorisme, c’est la violence de ceux qui combattent l’État” diront certains ; “le terrorisme c’est la violence de l’Etat” répondront d’autres ; “mais non, le terrorisme est tout acte de violence politique, d’où qu’elle vienne”, préciseront les derniers. La multiplicité de sens assignés à ce terme est suspecte. La sensation ici n’est pas de se trouver en présence des malentendus habituels liés à l’incapacité des mots à exprimer une réalité dont la complexité dépasse les symboles qui voudraient la représenter. Au contraire, l’impression est celle de se retrouver face à un confusionnisme intéressé, à une relativisation d’interprétations créée artificiellement, dans l’intention de vider les idées de leur sens, de neutraliser la force pratique, de banaliser toute la question en réduisant à du bavardage toute réflexion qu’on pourrait mener à son propos. »
Temps de lecture : ~ 15 minutes
Jerome Baschet
20 ans d'experience zapatiste
« L’urgence qu’il y a à tirer le signal d’alarme capable d’arrêter la locomotive folle de l’Histoire est extrême. Cela suppose d’être capable de construire d’autres mondes, qui échappent à la fois aux logiques de l’Économie-toute-puissante et à la capture étatique de la puissance collective. C’est vers l’expérience zapatiste, qui se construit patiemment depuis plus de vingt ans au Sud du Mexique, que l’on se tournera ici. » Jérôme Baschet est historien. Après avoir longtemps enseigné à l’EHESS, il enseigne maintenant à l’Universidad Autónoma de Chiapas, à San Cristóbal de Las Casas (Mexique). Il est notamment l’auteur de Défaire la tyrannie du présent et d’Adieu au capitalisme
Temps de lecture : ~ 14 minutes
Francois Cusset
Au Chiapas la révolution s'obstine
Au début des années 1990, le soulèvement zapatiste incarnait une option stratégique : changer le monde sans prendre le pouvoir. Une lutte indigène et anti-capitaliste, une organisation du pouvoir à la fois horizontale et verticale, visant l’autogouvernement et l’élaboration de solidarités entre les luttes des cinq continents...
Temps de lecture : ~ 23 minutes
Babeuf
Le manifeste des plebeiens
François Noël Babeuf, connu sous le nom de Gracchus Babeuf (le prénom romain de Gracchus évoque le partage des terres et la répartition égalitaire des biens), né le 23 novembre 1760 à Saint-Quentin et mort guillotiné à Vendôme le 27 mai 1797, est un révolutionnaire français. Il forma la « conjuration des Égaux » contre le Directoire et fut exécuté. Ses idées inspirent un courant de pensée, le « babouvisme », qui préfigure le communisme et l'anarchisme. En 1795, Babeuf sort de la prison où l’a conduit le soupçon qu’il préparait une insurrection. Il relance immédiatement son journal, Le Tribun du peuple, où il attaque le tout nouveau Directoire tout en réclamant la mise en œuvre de la Constitution de 1793. Ce qui lui vaut les insultes et accusations de Joseph Fouché, l’un des artisans de la chute de Robespierre et futur ministre de la police pour Napoléon. Avec ce Manifeste, Babeuf répond à ceux qui le traitent de « forcené populacier » et d’allié objectif de la contre-révolution. Il en appelle à une concrétisation de l’égalité de droit passant par la suppression de la propriété particulière : « Tout ce qu’on a au-dessus de la suffisance est le résultat d’un vol. » Le propos sera très bien compris : Babeuf est exécuté en 1797.
Temps de lecture : ~ 26 minutes
Olivier Razac
contre l'abolitionnisme
« Après des études de philosophie à l’Université Paris 8 dans les années 90 et une période de production d’essais de philosophie politique sur des objets contemporains (le barbelé et la délimitation de l’espace, le zoo et le spectacle de la réalité, la médecine et la « grande santé »). J’ai travaillé pendant huit ans comme enseignantchercheur au sein de l’Administration Pénitentiaire. C’est dans cette institution disciplinaire que j’ai compris ce que pouvait signifier pour moi la pratique de la philosophie, c’est-à-dire une critique des rationalités de gouvernement à partir des pratiques et dans une perspective résolument anti-autoritaire. Depuis 2014, j’ai intégré l’université de Grenoble comme maître de conférences en philosophie. Je travaille sur la question de l’autorité politique, sur les notions de société du spectacle et de société du contrôle. J’essaie également de porter, avec les étudiants, des projets de philosophie appliquée déconstruisant les pratiques de pouvoir. Enfin, nous tentons de faire vivre un réseau de « philosophie plébéienne », anti-patricienne donc, mais aussi en recherche de relations avec tous nos camarades artisans de la critique sociale. » — Olivier Razac
Temps de lecture : ~ 29 minutes
Lordon
le capitalisme ne rendra pas les cles gentiment
« La fin de l’histoire est connue : la « démocratie », le parlement, la « loi de la majorité », tout ça finit en bombardement aérien de la Moneda. Et voilà le point de cruauté de la leçon de chose : jusqu’au dernier moment, Allende a voulu croire en la procédure « démocratique », et refusé l’option de la classe ouvrière en armes. Malheureusement, en face, on n’y croyait pas. Moyennant quoi, les armes n’ont été que d’un côté — qui a, logiquement, été vainqueur. Drame classique de la théorie des jeux : celui qui joue la coopération dans un jeu noncoopératif finit comme à la belote : capot. » Frédéric Lordon est économiste et philosophe. Il est notamment l’auteur de Jusqu’à quand ? Pour en finir avec les crises financières, Raisons d’agir, 2008 ; Capitalisme, désir et servitude. Marx et Spinoza, La Fabrique, 2010 ; D’un retournement l’autre, Seuil, 2011 ; La société des affects, Seuil, 2013 ; et Imperium. Structures et affects des corps politiques, La Fabrique, 2015.
Temps de lecture : ~ 31 minutes
Que faire pour empecher la police de tuer
Les poursuites pénales et les poursuites au civil Les commissions de plainte en matière de droits civiques et les mesures visant à responsabiliser la police Les caméras-piétons et le fait de filmer la police Faire pression sur les politiques Voter Les manifestations pacifistes Les émeutes Alors, qu’est-ce qu’on fait ? Désarmer et abolir la police. Promouvoir l’auto-défense collective. Partager les ressources gratuitement par le biais de l’entraide Délégitimer et retirer tout pouvoir aux institutions qui excusent les meurtres de la police. Pour en finir une fois pour toute avec les meurtres de la police
Temps de lecture : ~ 20 minutes